Printemps
Pop ! Bourgeon, éclosion, ailes de papillon
Smack ! Butinage et badinage, baiser de tourterelles
Crack ! Graine, écorce, bourdonnements d'oreille
Boom ! Printemps, nature en pleine ébullition
Sandrine Berthault - 03 mars 2021
*****
Que voulez-vous que je vous dise
Moi, je ne sais pas inventer
Je vous propose sans surprise
Quelques vieilles banalités
Qu'est-ce qu'il fait beau aujourd'hui
Ça fait du bien, ce p'tit soleil
Demain sera moins chaud, pardi
Le temps, c'est jamais pareil
À la Sainte Ursule, le temps
Parfois est un petit printemps
Faudrait pourtant qu'il pleuve à c't'heure
La terre en a vraiment besoin
L'eau du ciel est bien meilleure
Que celle qui coule par nos soins
Quand il pleut à la saint Aubin
L'eau est plus chère que le vin
Et c'vent qui souffle depuis un bail
Faudrait peut-être qu'il s'arrête
Mes cheveux sont tout en broussaille
Ma casquette tient plus sur ma tête
Si octobre s'emplit de vent,
Du froid tu pâtiras longtemps
Je n'sais pas parler d'autre chose
Que de la pluie et du beau temps
Vous m'excus'rez, c'est pas grandiose
Je suis comme ça, pas autrement
Sandrine Berthault - 03 mars 2021
*****
Debout devant le zinc
Sur le coup de dix heures
Un homme fait du gringue
À une femme en pleurs.
Assis dans le métro
Le nez dans son journal
Un vieux portant chapeau
S'endort station Pigalle
Perchée sur ses talons
Une femme se promène
Suivie d'un p'tit bichon
Sur les quais de la Seine
Courant le bras levé
Un jeune homme s'écrie
D'une voix empressée
Pour héler un taxi
C'est la vie parisienne
C'est la vie quotidienne
De terriens et terriennes
Mais ce n'est pas la mienne
Sandrine Berthault, le 05/04/2021
*****
Il aimait tant la liberté, qu'un jour il a tout quitté.
Il est parti sac sur le dos, sans jamais se retourner.
C'est porté par le vent qu'il a emprunté des chemins encore inexplorés.
Il marchait le jour comme la nuit.
Le soleil lui réchauffait le cœur.
La lune et les étoiles le guidaient sans bruit.
À force de marcher, il est arrivé au bout du monde,
Là où l'horizon prend fin, où le sol n'est plus.
Il a ouvert grand ses bras, regardé bien haut,
Offrant dans sa poitrine un cœur nouveau.
Les poumons pleins d'air pur, il a plongé.
Plongé dans le vide, dans l'amour et la beauté.
Il était heureux.
Il était enfin libre.
Sandrine Berthault - 5 avril 2021
*****
Si je ferme les yeux, je vois en moi
Du rouge bouillonnant traverser mes émois
Des étincelles brillantes éclairer mon chemin
Et des braises brûlantes réchauffer mon entrain.
Des flammes m'entourent, vaporeuses et sensuelles
Danseuses au corps diaphane et au regard cruel
Tournoyantes, elles m'entraînent dans un monde inconnu
Où seuls les rêves peuvent être intensément vécus.
Qu'il fait bon vivre dans cette chaleur torride
Quand le froid ici-bas nous envahit de vide
Doucement, mon cœur brûle et se consume
Mon esprit, plus léger qu'une plume.
J'ouvre les yeux, mes paupières sont lourdes
Le feu s'est éteint, je suis devenue sourde
Aux appels endiablés des furies exaltées
Qui me voulaient vive pour pouvoir exister.
Sandrine Berthault – 22 mai 2021
*****
Je suis debout dans mon jardin à des kilomètres de la capitale.
Le vent caresse mes cheveux. Le doux parfum des fleurs m'enivre. Je respire.
Le soleil d'automne me réchauffe. Les arbres me protègent. Je me sens bien.
Le sol est pavé de rouge et d'or, un trésor.
Les grives dans les haies font une halte et croquent les derniers grains.
Le lierre fourmille d'ouvrières, dernières réserves avant l'hiver.
Dans la capitale, les arbres ne font pas légion.
Les immeubles gris cachent le ciel, assombrissent les ruelles et m'attristent.
L'air est chargé de particules, la pollution inonde.
Bouffées d'air chaud dans le métro. J'étouffe.
Les rues sont sales, les poubelles débordent. Bonheur des vagabonds. Misère.
Les pigeons sont toujours là, nourris de pain sec et de Daunat.
Les plus beaux monuments semblent se perdre dans ce sinistre tableau.
Les peintres ont rangé leurs pinceaux.
La Dame de fer est toute rouillée. Sans sa flèche, Notre-Dame est déboussolée.
L'Arc-de-Triomphe se fait emballé, impuissant.
Les bouquinistes ont quitté les quais depuis longtemps.
Mais où est passé le beau Paris qui faisait tant rêver ?
Je suis debout dans mon jardin à des kilomètres de la capitale et je ne regrette rien.
J'ai choisi cette vie loin de tout pour être au plus près de la nature.
Sans elle, je ne suis rien. Ici, je vis et je suis bien.
Poème de Sandrine Berthault - 20 octobre 2021
*****
Automne
Je suis l'automne flamboyant
Aux mille teintes chaudes.
Ma chevelure dorée
Vient glisser sur le pavé.
Je suis l'automne assombri
Par un ciel gris à l'infini.
Le banc est désert aujourd'hui,
Les gens sont chassés par la pluie.
Je suis l'automne tourmenté
Par le vent qui me bouscule.
Impossible de lutter,
Je renonce à résister.
Ô majestueuse Nature,
Pourquoi tout abandonner ?
Laisser tomber tes feuilles
Les voir mourir à tes pieds,
Laisser pleurer les nuages
Sans jamais les consoler,
Laisser souffler le vent
Epuisé, haletant.
Après moi, viendra l'hiver
Et plus rien ne bougera
Après moi, viendra l'hiver
Et c'est ainsi à chaque fois.
Poème de Sandrine Berthault - 21 novembre 2021
*****